
Rien ne dit
dans le chant de la cigale
qu’elle est près de sa fin
Bashō
À peine dix heures du matin et déjà les cigales donnent de la voix dans le parc Ueno. L’occasion d’apprendre à dire en japonais » On entend les cigales chanter » : せみのなきごえがきこえる, » Semi no nakigoe ga kikoeru « . Semi, せみ, la cigale, facile à retenir. Je ne l’oublierai pas celui-là. Nakigoe, なきごえ, plus compliqué à mémoriser. Il signifie davantage sanglot, cri, que chant.
Soudain, d’autres cris me parviennent d’au-dessus de l’une des allées proches du sanctuaire shinto Ueno Toshogu. J’aperçois fugacement une femme près d’un petit bâtiment blanc. Elle tente de se cacher derrière des arbustes, près d’une grande bâche bleue, d’une autre noire et de cartons. Ce doit être sans doute son logis. Vit-elle seule ? Il me semble avoir entendu plusieurs voix surgir de là-haut. Je sais qu’à Tokyo, les sans-abris* survivent dans les parcs, les gares et près des berges du fleuve Sumida. Des associations se mobilisent dans les quartiers pour les aider mais le phénomène persiste. La précarité a gagné du terrain depuis 20 ans au Japon. Les femmes et les personnes âgées en sont les principales victimes.
* En japonais, sans-abri se dit のじゅくしゃ, nojukusha, personne qui vit dehors. Plus communément, on dit ホームレス hōmuresu, dérivé de l'anglais homeless.
(à suivre)