Cet érable dont on fait des disques

https://soundcloud.com/ericschulthess/cet-erable-dont-on-fait-des-disques

Déniché ce son dans le numéro 18 de La Nuit, ma revue digitale préférée. Fabriquer des disques en bois d’érable à partir d’un fichier mp3. Amanda Ghassaei s’y est essayée en explorant le domaine de la technologie d’impression 3D. C’est du cousu main, sur des sillons dix fois plus grands que ceux d’un disque vinyl. Bon, côté qualité sonore, y’a encore du boulot. Mais l’initiative est originale et peut donner envie à des passionnés de musique et de technologie de se lancer dans l’expérimentation de cette musique sur bois.

Sensas, la Nuit africaine !

Chaque semaine, la revue digitale La Nuit m’apporte son lot d’enchantements. Le Numéro 16 qui vient de paraître déroule entre autres une large plage à l’Afrique, à ses sons et à ses mots. Fait connaissance avec l’écrivain et poète congolais Fiston Mwanza Mujila, qui vient de publier Tram 83, son tout premier roman. Ai découvert la sanza, cet instrument que l’on appelle aussi piano à pouces et sur lequel est jouée cette Sanza Nocturne de toute beauté. La Nuit nous éclaire sur Francis Bebey, le grand maître de la sanza pop, grâce à son fils Patrick. À lire ci-dessous.

SanzaPop1

SanzaPop2

N’oubliez pas que pour s’adonner chaque semaine à La Nuit, il est nécessaire de s’abonner. J’aime la profession de foi qu’affichent les fabriquants de cette revue : « Nous aimons l’idée d’avoir des vrais lecteurs plutôt que des visiteurs d’un clic. Nous préférons aussi nous vendre à eux plutôt qu’à la publicité. » 10 euros pour 3 mois, histoire de se faire une idée, n’allez pas me dire que c’est le bout du monde !

La Nuit brésilienne au bout des doigts

Épatante, la dernière livraison de La Nuit, la revue digitale que je suis depuis quelques bons mois maintenant. Cent pour cent brésilienne. Musiques, films, photos, tout nous emmène dans le pays métis par excellence qui tente par menues initiatives citoyennes de réinventer son histoire. Un numéro 15 à échelle humaine, loins des clichés remâchés sur le foot, la samba et le carnaval. Pour s’adonner à La Nuit, c’est tout simple, faut s’abonner et c’est par ici.

La ligne rouge #intégral

Lalignerouge

Ils viennent de me passer les menottes.

Je grimace à l’intérieur des lèvres.

À peine mal mais je grimace de cette douleur sourde qui affleure depuis si longtemps à chacun de ses mots barbares. Elle se taira maintenant cette douleur.

Car il ne parlera plus jamais.

Garde du corps je fus de cet homme-là pendant quinze ans.

Recruté à ma sortie du régiment de paras.

Il était venu faire son marché in situ dans la cour de la caserne.

Connaissait bien l’endroit car il avait été para lui aussi. L’Indo. L’Algérie.

–   Cherche un gars baraqué et courageux, un gars qui en a dans le pantalon, il avait dit en riant de sa bouche humide et ridée.

J’avais fait l’affaire.

Ça n’avait pas traîné.

Choisi surtout parce que ma peau est très foncée.

–   Ça clouera le bec à tous ceux qui me traitent de raciste, il avait lâché devant le colonel. Sans même me regarder dans les yeux.

J’avais dit oui parce que j’aime les défis.

Fils de Tirailleur algérien je suis.

Mon père libéra Marseille aux côtés des Tabors marocains.

L’assaut à Notre-Dame de la Garde en août 44, il en fut.

Patriote il s’était dit. Ça m’avait bien plu. J’aime ma patrie moi aussi.

L’avais salué au garde-à-vous.

Ensuite, j’étais parti du régiment à ses côtés.

Avions marché au pas je crois en avançant vers sa voiture.

Lui, fredonnait un chant militaire.

« Contre les Viets, contre l’ennemi

Partout où le devoir fait signe

Soldats de France, soldats du pays

Nous remonterons vers les lignes »

Je me souviens.

Il m’avait d’entrée glissé quelques gros billets dans les poings et montré ma chambre.

Une piaule à l’étage de sa propriété aux murs blancs gardés par des chiens aussi baveux que gros.

Leur ressemblait un peu je trouve.

–  Tu dormiras là. Je te sonnerai. Tiens-toi toujours prêt. Je voyage beaucoup. Tu m’accompagneras partout. Je suppose que tu sais conduire ?

Chauffeur je fis aussi.

La grosse Mercos, ça se conduit tranquille.

Lui derrière à passer ses coups de fils.

Toujours le costard impeccable, la cravate qui va bien, la pochette au revers assortie.

Une forme d’élégance qui jurait dès qu’il ouvrait la bouche et que pleuvaient les insultes au téléphone.

Lui derrière à engueuler le monde entier.

Moi devant à le mener à ses réunions, ses meetings, ses rendez-vous d’affaires.

Lui derrière à baver ses « bougnoules, négros, citrons, youpins, etc… »

S’excusait à peine ensuite, mais un peu quand même.

–  Toi, tu n’es pas pareil. Tu es fort. Tu es un soldat, il me disait.

C’est vrai que je suis un para et que je ne crains personne.

Il pouvait compter sur moi lorsque nous arrivions quelque part et que ça brassait sévère aux abords des salles de meetings.

Il était attendu. Banderoles, affichettes et slogans y’avait :

« Le fascisme ne passera pas ! » je lisais. Comprenais pas bien. Connaissais pas le fascisme. Jamais trop été à l’école, moi. Je le protégeais, lui traçais sa route jusqu’à l’entrée et surveillais les allées et venues dans la salle, le calibre en veille dans son étui, là, côté cœur.

Au retour dans la Mercos, me demandait de mettre l’un de ses disques préférés.

Les éditait, je crois.

En allemand ça chantait.

Il fredonnait derrière en remuant la tête. Ne connais rien à l’allemand mais c’était entrainant. Comme des marches militaires.

Quinze ans, donc, ça a duré.

Jamais eu à me plaindre de cette vie malgré les hurlements et les insultes.

Ai appris à les endurer.

J’en ai dans le pantalon, donc ne me suis jamais laissé traiter de melon.

Mais ce soir, il a franchi la ligne rouge avec son « Monseigneur Ebola qui peut régler en trois mois le problème de l’explosion démographique ».

En reprenant le volant, je lui ai fait remarquer que ça n’était pas joli de parler comme ça des gens qui souffrent.

Que dans le temps, en France aussi ils faisaient beaucoup de minots.

Lui ai parlé de mon père Tirailleur algérien.

–  Ferme-là, sale négro, il m’a lancé. T’occupe pas de ce que tu ne comprends pas !

Les flics ont gardé mon calibre.

Les menottes me serrent un peu aux poignets mais je me sens soulagé.

Lui, il vient de repartir dans une ambulance.

À la place de derrière, comme toujours.

Je viens de lui coller une balle dans la bouche.

 

 « La ligne rouge » est une fiction.

Toute ressemblance avec des personnes publiques ayant tenu des propos scandaleux dans la vraie vie n’est que pure coïncidence.

Ce texte a été publié pour la première fois dans le numéro 9 de la revue digitale La Nuit.

Que ses créateurs en soient ici une nouvelle fois remerciés.

Je vous invite vivement à vous abonner à La Nuit.

C’est très simple et cela coûte une euro par semaine. Pas plus.

 

La ligne rouge #7 (suite et fin)

Lalignerouge

En reprenant le volant, je lui ai fait remarquer que ça n’était pas joli de parler comme ça des gens qui souffrent.

Que dans le temps, en France aussi ils faisaient beaucoup de minots.

Lui ai parlé de mon père Tirailleur algérien.

–      Ferme-là, sale négro, il m’a lancé. T’occupe pas de ce que tu ne comprends pas !

Les flics ont gardé mon calibre.

Les menottes me serrent un peu aux poignets mais je me sens soulagé.

Lui, il vient de repartir dans une ambulance.

À la place de derrière, comme toujours.

Je viens de lui coller une balle dans la bouche.

(Fin)

 « La ligne rouge » est une fiction.

Toute ressemblance avec des personnes publiques ayant tenu des propos scandaleux dans la vraie vie n’est que pure coïncidence.

Ce texte a été publié pour la première fois dans le numéro 9 de la revue digitale La Nuit.

Que ses créateurs en soient ici une nouvelle fois remerciés.

Je vous invite vivement à vous abonner à La Nuit.

C’est très simple et cela coûte une euro par semaine. Pas plus. 

La ligne rouge #6

Lalignerouge

Au retour dans la Mercos, me demandait de mettre l’un de ses disques préférés.

Les éditait, je crois.

En allemand ça chantait.

Il fredonnait derrière en remuant la tête.

Ne connais rien à l’allemand mais c’était entrainant.

Comme des marches militaires.

Quinze ans, donc, ça a duré.

Jamais eu à me plaindre de cette vie malgré les hurlements et les insultes.

Ai appris à les endurer.

J’en ai dans le pantalon, donc ne me suis jamais laissé traiter de melon.

Mais ce soir, il a franchi la ligne rouge avec son « Monseigneur Ebola qui peut régler en trois mois le problème de l’explosion démographique ».

(à suivre)

Sons de la Nuit venus d’Asie

Pas la première fois que je vous recommande ici de vous abonner sans tarder à la Nuit, la revue digitale qui vient de fêter l’été en ouvrant ses portes aux lecteurs au fur et à mesure que se construisait son numéro 11. Une revue ouverte sur toutes les curiosités du monde, musicales – ces 4 extraits asiatiques proviennent du numéro 9 – photographiques, littéraires, entre autres. La Nuit ose surprendre, déranger, charmer, intriguer, séduire, sourire, chanter, hurler, se mettre en colère, et ceci « sans publicité ni détergents, pour un euro par semaine seulement ».  La Nuit, c’est aussi l’affirmation forte que le néo-libéralisme qui sévit de la Grèce à l’Espagne et qui nous guette tout autant en France ne produit pas de la liberté mais sa limitation continue. S’abonner à la Nuit est donc aussi une façon de faire de la politique à son échelle de vivant de cette planète et qui entend le rester. Librement. Tenez, vous en connaissez beaucoup de journaux, vous, qui donnent la parole à l’Association pour la communication sur les prisons et l’incarcération en Europe ? Alors, s’abonner, c’est tout simple. Il suffit d’aller ici et de se laisser guider. Vous verrez, vous sourirez sans tarder.

sourire

La ligne rouge #3

Lalignerouge

Ensuite, j’étais parti du régiment à ses côtés.

Avions marché au pas je crois en avançant vers sa voiture.

Lui, fredonnait un chant militaire.

« Contre les Viets, contre l’ennemi

Partout où le devoir fait signe

Soldats de France, soldats du pays

Nous remonterons vers les lignes »

 Je me souviens. Il m’avait d’entrée glissé quelques gros billets dans les poings et montré ma chambre.

Une piaule à l’étage de sa propriété aux murs blancs gardés par des chiens aussi baveux que gros.

Leur ressemblait un peu je trouve.

–      Tu dormiras là. Je te sonnerai. Tiens-toi toujours prêt. Je voyage beaucoup. Tu m’accompagneras partout. Je suppose que tu sais conduire ?

(à suivre)

Lalignerouge

J’avais fait l’affaire. Ça n’avait pas traîné.

Choisi surtout parce que ma peau est très foncée.

–      Ça clouera le bec à tous ceux qui me traitent de raciste, il avait lâché devant le colonel. Sans même me regarder dans les yeux.

J’avais dit oui parce que j’aime les défis.

Fils de Tirailleur algérien je suis. Mon père libéra Marseille aux côtés des Tabors marocains.

L’assaut à Notre-Dame de la Garde en août 44, il en fut.

Patriote il s’était dit. Ça m’avait bien plu.

J’aime ma patrie moi aussi. L’avais salué au garde-à-vous.

(à suivre)

 

 « La ligne rouge » est une fiction.

Toute ressemblance avec des personnes publiques ayant tenu des propos scandaleux dans la vraie vie n’est que pure coïncidence.

Ce texte a été publié pour la première fois dans le numéro 9 de la revue digitale La Nuit.

Que ses créateurs en soient ici une nouvelle fois remerciés.

Je vous invite vivement à vous abonner à La Nuit.

C’est très simple et cela coûte une euro par semaine. Pas plus. 

La ligne rouge #2

Lalignerouge

J’avais fait l’affaire. Ça n’avait pas traîné.

Choisi surtout parce que ma peau est très foncée.

–      Ça clouera le bec à tous ceux qui me traitent de raciste, il avait lâché devant le colonel. Sans même me regarder dans les yeux.

J’avais dit oui parce que j’aime les défis.

Fils de Tirailleur algérien je suis. Mon père libéra Marseille aux côtés des Tabors marocains.

L’assaut à Notre-Dame de la Garde en août 44, il en fut.

Patriote il s’était dit. Ça m’avait bien plu.

J’aime ma patrie moi aussi. L’avais salué au garde-à-vous.

(à suivre)

 

 « La ligne rouge » est une fiction.

Toute ressemblance avec des personnes publiques ayant tenu des propos scandaleux dans la vraie vie n’est que pure coïncidence.

Ce texte a été publié pour la première fois dans le numéro 9 de la revue digitale La Nuit.

Que ses créateurs en soient ici une nouvelle fois remerciés.

Je vous invite vivement à vous abonner à La Nuit.

C’est très simple et cela coûte une euro par semaine. Pas plus. 

La ligne rouge #1

Lalignerouge

Ils viennent de me passer les menottes. Je grimace à l’intérieur des lèvres.

À peine mal mais je grimace de cette douleur sourde qui affleure depuis si longtemps à chacun de ses mots barbares.

Elle se taira maintenant cette douleur. Car il ne parlera plus jamais.

Garde du corps je fus de cet homme-là pendant quinze ans.

Recruté à ma sortie du régiment de paras. Il était venu faire son marché in situ dans la cour de la caserne.

Connaissait bien l’endroit car il avait été para lui aussi. L’Indo. L’Algérie.

–      Cherche un gars baraqué et courageux, un gars qui en a dans le pantalon, il avait dit en riant de sa bouche humide et ridée.

(à suivre)

 

 « La ligne rouge » est une fiction.

Toute ressemblance avec des personnes publiques ayant tenu des propos scandaleux dans la vraie vie n’est que pure coïncidence.

Ce texte a été publié pour la première fois dans le numéro 9 de la revue digitale La Nuit.

Que ses créateurs en soient ici une nouvelle fois remerciés.

Je vous invite vivement à vous abonner à La Nuit.

C’est très simple et cela coûte une euro par semaine. Pas plus.